Le 27 janvier contre l’oubli

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Nous sommes le 27 janvier, date de la libération d’Auschwitz, proclamée en 2005, par l’Assemblée générale de l’ONU et le parlement européen « Journée internationale à la mémoire des victimes de l’Holocauste », pour que l’Europe n’oublie pas sa propre histoire : que les camps de concentration et d’extermination construits par les nazis, l’ont été dans l’espace européen avec la complicité de nombreux pays.
Comme en Belgique, – qui préside la Taskforce Holocauste,
(désormais appelée l’International Holocaust Remembrance Alliance)- , où la Commission des Affaires institutionnelles du Sénat a voté à l’unanimité, ce 24 janvier 2013, la proposition de résolution d’établir la réalité de la responsabilité de l’Etat belge dans l’identification, la spoliation, la marginalisation, l’éviction de la société et la déportation des Juifs en Belgique pendant la Seconde Guerre Mondiale, suivant ainsi les recommandations du rapport établi en son temps par le CEGES sous le nom de « La Belgique Docile ».
Les crimes des camps d’extermination, comme par exemple Auschwitz, mais aussi toute la mécanique qui a permis à l’idéologie nazie de mener Juifs, Tsiganes (Roms et Sinti), homosexuels ou opposants politique vers les camps ou les chambres à gaz, doivent rester dans la mémoire des générations futures comme une mise en garde contre les génocides quels qu’ils soient, car ils se nourrissent du mépris de l’autre, de la haine, de l’antisémitisme, du racisme et du totalitarisme.
Il y a soixante huit ans, le monde découvrait l’horreur des camps. Aujourd’hui dans de nombreux pays européens, nous constatons la résurgence de l’antisémitisme, la banalisation du négationnisme – vis-à-vis de la Shoa mais aussi des génocides arméniens et tutsis- le renforcement des préjugés et des discriminations qui sont autant de menaces aux valeurs démocratiques.
Or l’antisémitisme est un baromètre de la démocratie : quand la société se développe harmonieusement, l’antisémitisme régresse.

Refuser d’être un témoin silencieux du mal

Quand la démocratie décline, l’antisémitisme renaît. Souvent accompagné de manière concomitante de comportements discriminatoires à l’égard des femmes ou des homosexuels.
Comme en Hongrie, par exemple, où j’ai pu – il y a deux jours – rencontrer dans le cadre d’une délégation parlementaire de député-e-s de différents partis et pays, ministres et députés pour leur exprimer notre inquiétude mais aussi notre indignation face aux développements racistes, antisémites (et pour ma part sexistes) dans ce pays. Les échanges constructifs n’en furent pas moins énergiques, fermes et parfois tendus. Mais il en va à mon avis de l’avenir de l’Europe qui ne peut tolérer ce type de dérapages. Quand un député du parti d’extrême droite Jobbik, Marton Gyongyosi, demande d’établir un registre des Juifs, et en particulier des députés Juifs, nous devons réagir.

Certes, une agression, une insulte, une injustice à l’égard d’un Juif ne sont ni plus ni moins condamnables que celles qui frappent n’importe quelle autre personne. Il faut les dénoncer. Pourquoi dès lors faire de l’antisémitisme un cas particulier ? La réponse se trouve dans notre histoire, dans l’histoire de l’Europe, que nous commémorons précisément aujourd’hui. L’antisémitisme n’est, en effet, pas un racisme ordinaire parce que sur ce continent, et avec la complicité de nombreux États et populations, il a permis le génocide qui porte le nom de Shoah, mot hébreu et qui veut dire « catastrophe ».
Ce 27 janvier, en commémorant la Shoah, nous exprimons aussi notre préoccupation de la montée des partis extrémistes et xénophobes et de l’accueil favorable de leurs idées auprès de certains citoyens à travers l’Europe.

Je reste persuadée que nous pouvons combattre cette évolution désespérante par une prise de conscience du passé, par une lecture commune des événements, notamment à travers le souvenir de la Shoah, afin de servir de base à l’éducation et à la lutte contre toute nouvelle manifestation de racisme, d’antisémitisme, d’homophobie ou de sexisme.

Viviane Teitelbaum
députée – échevine
présidente du Conseil des Femmes Francophones de Belgique

2 thoughts on “Le 27 janvier contre l’oubli

  1. Je fais suivre ton message aux amis de La Réunion et d’ailleur. L’importance de la transmission!. L’inseignement de Primo Levi  » Per non dimenticare » Bravo Viviane et aussi merci .

  2. Chère Madame,
    Ce soir, RTL-TVI a diffusé dans son JT un reportage très complet.
    Par contre, sauf erreur de ma part, la RTBF est restée parfaitement muette, c’est scandaleux !
    Bien à vous, en confiance de votre réaction.

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