Santé – social: mieux vaut prévenir que guérir!

unknown2Mon intervention dans le budget Cocom – santé et social- pour le groupe MR en séance plénière du Parlement Bruxellois ce vendredi 13 décembre 2013
Monsieur le Ministre,
Cher-e-s Collègues,
La déclaration de politique générale ainsi que l’exposé sur le contenu des politiques par les ministres compétents démontrent que, la CCC va devoir faire face à de nouveaux défis. Si celle-ci semblait il y a peu vouée à disparaître, elle est maintenant appelée à donner forme, d’une manière décisive, à la politique sociale en Région bruxelloise.

Malheureusement, encore une fois, le manque d’ambition semble une fois encore au rendez-vous: on constate que sur le plan de l’Aide aux Personnes et de la Santé, le financement de la CCC s’avère insuffisant. Nous regrettons que peu de précisions aient été apportées en commission quant aux moyens prévus pour la modernisation de l’administration ou le recrutement de personnel compétent. Comme je le disais, la Cocom a besoin d’être repensée et améliorée afin de faire face aux nouvelles compétences qui lui ont été attribuées.

Et je me permets de rappeler que le budget est un document récapitulatif et prévisionnel des recettes et des dépenses déterminées et chiffrées, sur base du compte je suis d’accord. Ce résultat -pour être significatif- on le sait est obtenu moyennant une démarche de préparation rigoureuse et respectueuse des grands principes et des bonnes pratiques de la comptabilité.

Et on le sait bien sûr, ce résultat – pour être légitime- doit faire l’objet d’une procédure reconnue pour son élaboration et/ou d’une validation selon les formes appropriées. Mais ce résultat -pour être utile- est le résultat avant l’action d’une réflexion prévisionnelle, pendant l’action d’un suivi et d’un contrôle d’exécution, après l’action d’une procédure d’évaluation. Or effectivement la déclaration de politique générale n’avait pas amené beaucoup de nouveautés, donc le budget prévisionnel est à son image.

Pourtant, nous sommes tous conscients de la situation bruxelloise où près de 30% des Bruxellois-es vivent sous le seuil de pauvreté et on sait déjà que la situation n’est pas prête de s’améliorer dans un proche avenir.

Les jeunes figurent, par exemple, parmi les oubliés de ce collège, pourtant, nous sommes la seule Région dont la population rajeunit ! Près de 30% de la population a moins de 35 ans et les politiques qui s’y rapportent n’évoluent pas ! Je le répète chaque année : le taux de chômage chez les jeunes avoisine les 30%, un jeune sur cinq quitte l’école sans avoir obtenu son diplôme de l’enseignement secondaire supérieur ou une autre attestation de formation.
Nous nous réjouissions en 2012 que l’accent ait été porté sur les jeunes lors de l’élaboration du rapport sur l’état de la pauvreté à Bruxelles. Malheureusement, ce rapport ne semble pas avoir eu beaucoup d’impact sur les politiques envisagées par ce gouvernement. Les jeunes sont parmi les grands absents de ce budget 2014 et on peut dès lors se demander si le gouvernement s’inspire des études réalisées.
On peut observer dans l’activité 7 du programme 1 de la division 3 que 242 000 € seront attribués à l’exécution du Plan d’action de la lutte contre la pauvreté mais quelle part exactement bénéficiera aux jeunes ? Quelle politique sera mise en place afin de leur permettre une formation adaptée, afin qu’ils trouvent un travail, un logement, afin qu’ils puissent évoluer dans un environnement qui leur permette de débuter dans la vie sans tomber rapidement dans la précarité et l’assistanat.

Les femmes sont également, encore une fois, le parent pauvre de ce budget. Je l’ai souligné en commission, j’attends avec impatience l’arrivée des budgets genrés de manière générale, mais en ce qui concerne la santé et l’aide aux personnes, ce sont des domaines où ces données genrées seraient particulièrement utiles afin de développer des politiques ad hoc si pas nouvelles et ambitieuses.

Nous nous réjouissons bien entendu de l’ouverture d’une maison d’accueil pour femmes sans abris de 31 places, même s’il est dommage que celle-ci n’ouvre ses portes qu’après la période hivernale. Nous sommes également contents d’apprendre que les femmes seront le thème du rapport sur l’état de la pauvreté en 2014. Toutefois, tout comme pour les jeunes, je me demande quel sera l’impact de ce type de rapport sur la politique du Collège réuni. J’ose croire qu’il sera utilisé pour explorer de nouvelles pistes, et que cela donnera lieu à des budgets pour répondre aux nouvelles évolutions. Pour citer un exemple : la Région bruxelloise se caractérise par la présence sur son territoire d’un nombre proportionnellement plus élevé de familles monoparentales. Or, les familles monoparentales, composées dans leur majorité d’une mère qui élève seule ses enfants, sont plus exposées au risque de pauvreté. Les désunions semblent avoir un impact considérable sur les revenus et les conditions de vie. De plus en plus de sans –abris sont des femmes, dans des proportions inquiétantes et un tiers des bénéficiaires du samu social sont des femmes. De nouvelles pistes sont-elles explorées ? Des budgets sont-ils débloqués en vue d’améliorer la situation ? Ce n’est pas lisible dans le budget et en tout cas nous espérons que ce rapport ne sera pas uniquement un état des lieux – certes essentiel – mais débouchera sur des politiques concrètes.

Par ailleurs, la période hivernale aura été marquée par la cacophonie du plan hivernal. Si, au final, une solution a été trouvée, le lancement a été pour le moins chaotique et l’on peut regretter que le plan ait été lancé si tard. Pourtant, l’année dernière, nous nous réjouissions de son lancement anticipé. Malheureusement, il semblerait que le collège réuni n’ait pas souhaité terminer sur cette bonne note et la belle organisation de l’année passée n’a pas été reproduite. Les désaccords entre le collège réuni et le Président du CPAS, ont été largement répercutés et ce dernier a même prétendu que le collège avait mal budgetisé le plan hivernal.
En Commission, le ministre des finances, a expliqué que le problème aurait pu être évité s’il en avait été averti plus tôt. En effet, il semblerait que le Samu-social ait été dépassé par l’augmentation des besoins de ce plan hivernal. Chaque année, les moyens alloués à ce plan sont en augmentation. Très bien, nous le saluons, mais cette augmentation devrait aussi être accompagnée de moyens structurels afin d’endiguer le problème à la source et d’empêcher ces personnes précarisées de tomber dans le sans-abrisme.

Enfin, j’aborderai les soins à domicile. Nous le savons depuis plusieurs décennies, le papyboom arrive et crée une augmentation de la demande de soins chez les personnes âgées. En effet, la Région bruxelloise enregistre une évolution démographique quelque peu atypique par rapport aux autres régions de notre pays. Si la forte expansion démographique associée à la forte immigration internationale et à la dynamique naturelle très soutenue induit un effet de rajeunissement de la population, la problématique du vieillissement de la population est néanmoins bien présente. En d’autres termes, même si on a un pourcentage élevé de jeunes, la population âgée augmente bel et bien. Or, on sait également que la population âgée est davantage exposée au risque de pauvreté. Il est donc important d’apporter une réponse adaptée aux besoins de chacun-e. Etant donné que l’offre ne permettra jamais d’accueillir toutes les personnes âgées dans les hôpitaux, les maisons de repos, ou les MRS, il est donc nécessaire d’améliorer le service de soins à domicile. Malheureusement, encore une fois, aucune augmentation substantielle n’est opérée cette année. Comment dès lors ne pas craindre la mise en place de solutions « rustines » par le collège réuni qui risque d’agir lorsqu’il sera trop tard.

Tout cela pour dire que l’anticipation fait partie des responsabilités politiques. Comme dit l’adage, il vaut mieux prévenir que guérir ! Les jeunes doivent voir leur formations améliorées afin qu’ils trouvent un meilleur emploi plus tard, des réponses structurelles doivent être apportées au sans-abrisme afin qu’on n’observe pas, d’année en année, une augmentation du nombre de sans-abris, les soins de santés doivent être améliorés dès à présent etc. Il est temps que cette Région passe d’une vision court terme à une vision long terme afin de permettre aux Bruxellois-es de bénéficier de politiques qui offrent des réponses concrètes aux problèmes qu’ils vivent. Pour cela, même s’il est fort bien de partir du compte et d’améliorer la situation, il faut mettre des priorités et avoir une vision. C’est peut être ce qui manque le plus dans cette majorité.

Je vous remercie.

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